Gérer l’autonomie en multi-niveaux : avec des CE2 / CM1/CM2

En cette fin d’année, j’ai une pensée émue pour tous les nouveaux titulaires qui vont débuter à la rentrée prochaine sur une classe multiniveaux. Je ne sais pas ce que donne la formation actuelle des PE, qui a bien changé depuis mon passage à l’IUFM. Ce qui est sûr, c’est qu’à l’époque, je n’étais pas du tout préparée à affronter la gestion d’une classe à plusieurs niveaux. Une des plus grosses erreurs que j’ai pu commettre a été de ne pas penser le travail en autonomie des élèves AVANT la rentrée… Et je m’en suis mordue les doigts ! Quand vous rentrez le soir de l’école avec toutes vos séances du lendemain à préparer et qu’à cela s’ajoute la question fatidique : mais que vont-ils faire quand ils auront fini leurs exos ?, vous avez vite fait de terminer à une heure indue. Manque de sommeil, cure d’amaigrissement forcée, sensation d’être débordée… Vous êtes sur le point de craquer, vos nerfs lâchent, vos cernes s’allongent… Vous ne ressemblez plus à rien, vous n’êtes plus RIEN… Vos élèves s’enfuient à votre approche, croyant apercevoir un détraqueur sorti tout droit d’Harry Potter. Les parents brandissent des crucifix et des gousses d’ail en s’écriant : « Doux Jésus, est-ce la maîtresse ou une créature de l’ombre ? ».

Portrait de la maîtresse à la fin de l’année

Voilà pourquoi, il est absolument PRIMORDIAL de bien penser les temps de travail en autonomie…

• Avec des CE2/CM :

La tactique de survie la plus élémentaire consiste à ne pas se rajouter de corrections. À cette fin, j’ai mis au point un stratagème subtil et élaboré baptisé  » plan de travail personnel », dénomination empruntée à Freinet mais qu’au fil du temps j’ai complètement vidé de  toute substance freinesque. Une fois que les élèves ont fini les exercices en autonomie notés au tableau dans le cahier du jour, ils doivent s’y conformer :

1. Les élèves ont une pochette (= pas de feuilles qui traînent dans les casiers) où ils rangent leurs travaux inachevés. Comme je ne donne pas beaucoup de travail sur fiche, ça n’arrive pas si souvent. Si c’est le cas, ils doivent prioritairement le terminer. Retour dans la « boîte aux lettres de la maîtresse » dès que c’est fait.

2. Ils écrivent un texte dans leurs cahiers de textes libres, autre dénomination freinesque un peu détournée. Soit il s’agit d’un sujet de leur choix, soit ils utilisent les petites fiches de rallye écriture de charivari. Hop,  direction boîte à lettres de la maîtresse quand le texte est terminé. C’est là que c’est subtil : je ne corrige pas ces textes ! J’écris simplement dans la marge « lu le.. » et je note la date. Bien entendu, ils ont aussi des productions écrites « institutionnalisées » : corrigées et recopiées au propre dans le cahier de littérature. Là, je considère que ce sont des textes en plus : c’est du bonus. Et franchement, si je devais les corriger… ils en écriraient beaucoup moins. S’il s’agit d’un rallye écriture, je n’ai qu’à noter simplement le score de l’élève. Au bout de 75 points, ils ont droit à un petit diplôme.

Le lien vers le rallye écriture de Charivari

3. C’est l’étape du rallye lecture. Les livres sont à disposition au fond de la classe avec de gros classeurs qui contiennent les fiches (des QCM = correction ultra rapide !) correspondantes. Quand le livre est lu, la fiche complétée atterrit dans ma boîte aux lettres. Je photocopie les fiches avant la rentrée et je n’ai plus à m’en soucier de toute l’année. Trois fiches de rallye lecture donnent droit à une médaille d’or, d’argent ou de bronze en fonction du score obtenu sur 30 points.

 

Mes fiches de rallye lecture préférées sont chez Orphys. J’utilise celles concernant les mini syros : 3 euros le livre et des textes de qualité, ça vaut le coup ! Il y a beaucoup d’autres choix possibles sur son site, on peut se régaler à faire son marché ! Un autre « tube » dans ma classe : le rallye Harry Potter de chez Mallory. Là, ils obtiennent le diplôme de soin aux créatures magiques lorsqu’ils ont lu tous les textes. J’ai aussi mis en ligne mes rallyes J’aime lire et Je bouquine.

4. Ils ont le droit (cette étape est facultative) d’utiliser divers outils : logiciels sur les ordis, tangrams, kirigami, origami, mots croisés… mis à disposition.

Les affichages pour les élèves :

                                      

Lorsqu’ils ont achevé ce plan de travail, hop, retour au point de départ. Bien sûr, on a tous des façons de faire différentes et il faut trouver une organisation qui nous corresponde. Je suis d’ailleurs curieuse de connaître vos pratiques…